« Science, pas silence », « La science n’est pas une croyance », « Science = tolérance » : voici quelques-uns des slogans qui ont fleuri sur les pancartes et dans les bouches des marcheurs pour la science, en ce froid après-midi de printemps.
« La science n’est pas une abstraction coupée de la société, nous sommes là pour le rappeler », explique Thomas Ebbesen pour justifier sa présence place Kléber, où le rendez-vous a été donné à 14 h. Et le lauréat du prix Kavli 2014 d’ajouter :
« Sans la science, pas d’avancées médicales, de smartphone, d’avion… » « Je suis ici pour défendre une science libre, pas manipulée ou remise en cause par des discours politiques », témoigne de son côté Alexandra, stagiaire en master de biologie moléculaire des plantes. Après le soutien mutuel et musical reçu de l’initiative pro-européenne et citoyenne
Pulse of Europe, le cortège s’ébranle peu avant 16 h, sous les regards curieux, parfois interrogateurs des badauds du centre-ville. Direction le Palais universitaire.
Dans les rangs de la centaine de participants (300 au plus fort du mouvement), anonymes côtoient personnalités strasbourgeoises des sciences et de la recherche. Étudiants, doctorants, familles marchent aux côtés de Christelle Roy directrice de l’Institut pluridisciplinaire Hubert-Curien et de Nicolas Matt, chercheur au CNRS et vice-président de l’Eurométropole. Même Alain Beretz, directeur général de la recherche et de l’innovation et ancien président de l’Université de Strasbourg, est venu apporter son soutien.
La science, globale par essence
Initiée aux Etats-Unis en réaction aux positions de Donald Trump sur la recherche et en particulier sa remise en cause du changement climatique, la Marche pour les sciences est soutenue à Strasbourg par des institutions comme les universités de Strasbourg et de Haute-Alsace, mais aussi par les structures de promotion des sciences Pint of science, Les petits débrouillards ou le Jardin des sciences.
« Parce que cette lame de fond de remise en cause de la démarche et de l’universalité des sciences ne se cantonne pas à l’Amérique du Nord », a tenu à rappeler Mathieu Schneider, vice-président Culture, sciences et société de l’Unistra.
L’inquiétude de la menace pesant sur l’environnement (« Pas de PLANète B » sur une pancarte) ou sur les moyens alloués à la recherche se lit sur pancartes et banderoles. Sarah Fagnen, secrétaire de Doxtra et doctorante en droit de l’environnement, a tenu à être présente pour porter haut et fort la voix « des sciences humaines et sociales, trop souvent laissées pour compte dans les contrats de recherche ». La nécessité de garder le contact avec la société est rappelée avec force sur les marches du Palais universitaire par Marie-Charlotte Morin, gagnante 2014 du concours Ma thèse en 180 secondes :
« Rappelons-nous qu’on est tous des scientifiques nés, quand enfant on demande à tout bout de champ "Pourquoi ?" ». Face au repli inquiétant des États, Jean-Claude Worms, directeur de la
Fondation européenne des sciences, a ce cri du cœur :
« La science doit rester globale parce qu’elle traite de sujets globaux ! »
Prochaine étape pour le mouvement, qui a fait la preuve de son importance en mobilisant par-delà les frontières : l’établissement d’un recueil de propositions.
Elsa Collobert