Mercredi 18 avril, sept étudiants de première année à Sciences Po ont pris la parole dans l'amphi Garnison pour défendre leur proposition de nom : l'écrivain et philosophe Jean D'Ormesson, l'anthropologue et féministe Françoise Héritier, Simone Veil, décédée l'année dernière, l'as de l'aviation Roland Garros, Hubertine Auclert, journaliste et militante féministe du 19e siècle, l'écrivain Marcel Proust, et Kaméhaméha 1er, chef tribal et premier roi d'Hawaï. « Ce dernier a été défendu avec ferveur et une pointe d'humour, avec une argumentation pour l'originalité et la diversité. Pour la plupart, les noms ont été présentés avec un grand sérieux et une intensité palpable » relate Clément Delsol, vice-président du Bureau des élèves (BDE). Étudiant en deuxième année, il organisait la procédure de vote.
Informés par les réseaux sociaux, ils avaient une semaine pour proposer un nom en respectant la charte : pas de personne vivante ou clivante, ni de nom farfelu. Chaque présentation de deux minutes était suivie d'un débat avec les étudiants dans la salle. Le lendemain, Simone Veil a été élue parmi les sept noms, avec 26% des votes exprimés et une participation de 62%. Pour les promotions précédentes, ce sont les noms d’Ernest Hemingway, d’Émile Zola, de Georges Orwell, et d’André Malraux qui ont été élus respectivement en 2013, 2014, 2015 et 2016.
« Ça nous rassemble et nous tient à cœur »
A Sciences Po Strasbourg, le choix de nom de promo en revient aux étudiants depuis 2015. Et pas seulement avant la remise du diplôme, mais dès la première année. « Cela participe à l'esprit de corps, à la cohésion de la promotion. Jusqu'à présent, les élus étaient des écrivains, hommes et blancs. J'aimerais voir plus de diversité et que cette année, une femme soit élue » soulignait Catherine Amy, responsable communication de l'institut, juste avant les résultats.
« La participation était moindre cette année dans l'amphi Garnison en raison de cours reportés à cette heure, c'est dommage. Mais l'année dernière, nous étions 150 sur une promo de 180. C'est un événement qui rassemble énormément, ça nous tient à cœur. C'est un nom qu'on va garder, il y a une part d'identification. Je trouve important que nous soyons représentés par un nom, qui plus est, choisi par les étudiants » soutient Clément Delsol. « Et puis, cela nous donne l'occasion de nous exprimer ; nous aimons débattre, argumenter, c'est notre cœur de métier et ce que nous apprenons ici ».
Stéphanie Robert