« Pendant longtemps, je n’avais pas de projet professionnel bien défini, je savais que j’aimais créer des objets à partir d’un cahier des charges précis, notamment parce que par essence, cela ne peut pas être routinier », explique Aurore Daunis. Bac littéraire en poche, en 2002, elle décide donc de se former aux arts plastiques, puis enchaine sur un BTS de design industriel à Marseille. En 2006, elle arrive à Strasbourg pour s’inscrire en licence d’art appliqué à l’UFR des arts. Elle poursuit sa formation en master Design dont elle sort diplômée en 2009.
Les arts « appliqués », sont appliqués à l’industrie, au commerce, à l’artisanat. Il s’agit de produire des créations artistiques, mais en étudiant un marché, un contexte socio-culturel, un usage... En toute logique, Aurore cherche alors du travail dans cette branche d’activité :
« A l’époque, je me voyais vraiment comme designer salariée dans une entreprise. J’ai commencé à postuler à droite et à gauche, mais ça n’a rien donné. Il y a peu de postes en fait. Rapidement, j’ai dû faire pas mal de petits boulots alimentaires. J’ai pensé que j’étais arrivée dans la vraie vie ! »En décembre 2010, Aurore créé une structure d’auto-entrepreneur pour travailler en sous-traitance d’une agence de design d’espace. Pendant un an et demi, elle prend en charge différents projets de réaménagement de bars et de restaurants. Une expérience passionnante, mais qui finit mal : l’agence pour laquelle elle a travaillé met la clé sous la porte sans jamais la payer ...
L’université lui tend la main
Découragée par ce coup dur, Aurore vit une période de flottement. Et c’est l’université qui lui tend une perche : un de ses enseignants du master la contacte pour lui proposer de participer à l'édition 2011 du Parcours du design, une manifestation organisée à Strasbourg tous les deux ans pour faire la promotion du design industriel en Alsace. Elle participe plus spécifiquement à un projet autour du métier de designer organisé par le Conseil général du Bas Rhin. Elle sera amenée à assurer 20 heures d’interventions dans un collège de Wingen sur Moder en partenariat avec la cristallerie Lalique. Puis elle travaillera à la conception de la scénographie de l’exposition de l’atelier : mobilier, panneaux, kakémonos, lumières… « Une expérience qui m’a ouvert un nouvel horizon ! »
Aujourd’hui, le travail d’Aurore s’organise autour de plusieurs grandes activités : la création, qu’elle réalise seule dans son atelier à Strasbourg, et qui s’exprime aussi dans ses réponses aux appels d’offre ou appels à projets et le travail en groupe, qui peut prendre différentes formes : coordination d’idées, animation de workshops, en milieu scolaire ou pas.
Résidence d’artiste
Ainsi, Aurore vient de terminer une résidence d’artiste à Béthune : un projet pédagogique de diffusion autour du travail de designer, avec des interventions en milieu scolaire, mais aussi en maison d’arrêt, en centre culturel ou au foyer de personnes âgées.
« Je sais que je postulerai à d’autres résidences car cela me plait : créer un projet inédit est stimulant et les conditions matérielles sont assez bonnes. On bénéficie en effet d’une bourse pendant la résidence et d’une commande d’œuvres à la fin. »De sa vie à l’université, elle n’a gardé que de bons souvenirs.
« Il y avait une bonne ambiance dans la promo et c’était très stimulant intellectuellement : les enseignants étaient vraiment supers. Je ne peux pas dire que l’université m’a bien préparée au monde du travail mais je n’attendais pas cela d’elle. » Quant au réseau des alumni, elle s’y est inscrite essentiellement pour retrouver des camarades, et aussi pour partager son expérience avec les étudiants. Les aider à mieux cerner la « vraie » vie d’artiste ?
Caroline Laplane
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