[Série] Nos étudiants ont du talent, épisode 2. La jeune franco-algérienne fait partie des vingt profils, de 18 à 30 ans, retenus dans tout l’Hexagone par la fondation Marcel Bleustein-Blanchet. Ce qui a été récompensé, le 11 décembre dernier, à Paris ? La certitude de leur vocation et la force de leur ténacité.
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30/01/2020
Voix posée et déterminée, tenue noire et élégante, gestes mesurés, réponses réfléchies… Certaines attitudes d’Imane Lannani, 22 ans, dénotent déjà la diplomate. Plus qu’un métier auquel elle se destine, cette vocation lui est apparue voilà deux ans, encouragée et révélée par ses enseignants. « Je pense que j’avais ça en moi, mais je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite. »
A deux pas des institutions européennes et de la frontière, Imane grandit dans un environnement cosmopolite, « entre la langue française, l’arabe que parlent mes parents, tous deux Algériens, et l’allemand, car mon père a longtemps vécu Outre-Rhin avant ma naissance ». Elle vit toujours avec eux, en proche banlieue de Strasbourg. Au fil de sa scolarité, son « bagage linguistique » s’enrichit encore : l’anglais au collège, l’espagnol au lycée, l’italien en licence. Autodidacte, Imane s’arroge encore le luxe d’une bonne maîtrise du turc et du coréen. Une langue asiatique qu’elle préfère au chinois, « plus originale, et pour sa dimension géopolitique : c’est dans ce pays qu’a commencé la Guerre Froide, mais on en parle peu ».
« Faire coopérer, apaiser »
De la détermination, Imane en fait preuve dès ses choix d’études : elle souhaite s’orienter vers les langues, bien sûr, « mais pas en filière littéraire. Je voulais garder le plus de portes ouvertes ». Ce sera « Langues étrangères appliquées (LEA), spécialité Relations internationales, avec du marketing, du droit… » et la rencontre avec « deux profs extraordinaires. Ils ont perçu cette vocation pour la diplomatie avant que j’ai pu la nommer ». Avec le recul, c’est évident : « Ça fait partie de mon caractère. J’aime faire coopérer, apaiser ». Toute sa scolarité, Imane a été déléguée de classe, a participé à la rénovation du fort Ducrot à Mundolsheim, aime aider « en faisant des choses concrètes, comme le don du sang ou les courses caritatives ».
Détermination encore quand elle décide d’intégrer le master de l’Institut de traducteurs, d'interprètes et de relations internationales (Itiri), dès la deuxième année de licence : ce sera celui-là et pas Sciences Po ni la Faculté de droit ! Et quand elle décide de postuler pour un stage au consulat général des Etats-Unis. Très organisée, elle passe l’été à peaufiner sa candidature, la fait relire à la rentrée par l’un de ses professeurs et l’envoie, dix mois avant la date du stage. Une stratégie payante, puisqu’elle est retenue pour une expérience auprès du chargé des affaires publiques et culturelles. Seule ombre au tableau : le master qu’elle vise coûte 5 000 € l’année.
Au service de la France
Orientée par une professeure, elle dépose son dossier auprès de la fondation Marcel Bleustein-Blanchet pour la vocation, qui récompense des profils très divers - photographe, circassien, directrice de maison de retraite… « Je n’y croyais pas vraiment, mais j’ai été retenue parmi 1 700 candidats ! » Sans fausse modestie, elle reconnaît sa difficulté à distinguer ce qui a pu faire la différence. « Ma sincérité, peut-être ? » D’autant que sa vocation s’est développée en dehors de toute prédisposition familiale. « Mes parents ne sont pas du tout du sérail ! »
Aussi à l’aise à l’écrit qu’à l’oral – « On a monté un club de débat avec des amis du master » -, Imane peut désormais envisager la suite avec sérénité. « L’opportunité de stages à Paris ou à Genève devient possible grâce à cette aide financière ! » Elle l’avoue, elle aimerait exercer « au service de la France ce métier fascinant, où un simple sourire, un mot peut faire basculer les choses », à Strasbourg. « Cette ville où je me plais et dont je ne cesse de tomber amoureuse ! Mais s’il le faut, je bougerai, ça fait partie du métier ! »
Elsa Collobert
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Nos étudiants ont du talent
Une série de portraits est consacrée en 2020 aux mille et un talents, tout autant sportifs, artistiques, liés à leurs études ou non, nichés parmi les 50 000 étudiants de l’Université de Strasbourg. Des rencontres sortant de l'ordinaire, des parcours inspirants... Ces textes sont publiés chaque mois dans les médias de l’Unistra.
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