Dans les jardins de l’Observatoire astronomique de Strasbourg, quelques bêlements ont remplacé le bruit de la tondeuse. Petites cornes en spirale, museau et yeux cernés de noir, trois moutons de race Thônes et Marthod sont à l’œuvre depuis juillet.
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24/08/2021
« On ne va pas résoudre le problème du dérèglement climatique avec quelques moutons mais cela permet de participer à l’effort général et à une prise de conscience », souligne d’emblée Pierre-Alain Duc, directeur de l’Observatoire astronomique qui évoque avec l’éco-pâturage « un petit geste symbolique ».
L’idée était « en l’air » depuis un moment à l’observatoire. « Nous savions qu’il y avait déjà des moutons sur le campus d’Illkirch, et avons appelé la cellule Développement durable de la Direction du patrimoine immobilier (DPI) qui nous a mis en contact avec la société alsacienne la Bêle équipe. » Cette dernière gère entièrement les moutons sur le site. Un berger vient une fois par semaine s’assurer de leur bien-être et déplacer leur enclos si besoin.
Les jardins ont été divisés en trois parcelles à l’aide d’une barrière mobile afin de faire une rotation. « Cela nous permet également de garder une certaine flexibilité en fonction des espaces dont nous avons besoin. »
Atteindre des zones difficiles
Dans le contrat de débroussaillage, pris en charge par l’observatoire, pas de garantie de résultat. « Au début, nous avions une grosse incertitude sur l’efficacité des moutons, ils étaient perturbés et tournaient en rond. »
Deux mois plus tard, rentré de vacances, Pierre-Alain Duc constate une amélioration. « Ils étaient cet été dans une zone boisée avec des endroits difficiles à atteindre et dans lesquels la tondeuse n’allait pas, on voit que c’est plus propre », sourit le directeur qui évoque un rôle social important. « Ça permet d’intéresser, d’interpeller les gens. » Comme en témoigne une riveraine : « Je me promène souvent ici avec mon chien et il est très curieux face à ces nouveaux voisins à quatre pattes. »
Les moutons sont là pour une année, avec une petite pause prévue au chaud en bergerie, cet hiver. Un panneau pédagogique sur le portail de l’observatoire permettra de renseigner les curieux sur ces trois moutons qui n’ont pas encore de petit nom.
Marion Riegert
Bon à savoir
L’ éco-pâturage est une technique ancestrale à faible empreinte carbone. En broutant la végétation de manière inégale et sélective, le mouton favorise la diversité des plantes et développe de nouveaux habitats pour les insectes. La Bêle équipe utilise des races dites « rustiques » qui ont conservé une grande partie de leurs caractéristiques sauvages. L’hiver, leur toison de laine les protège efficacement du froid, jusqu’à -20°C. Quant aux chaleurs de l’été, ils sont tondus pour mieux les supporter. La vie en plein air permet d’éviter de nombreuses maladies liées à la promiscuité dans la bergerie. Les brebis vivent toute leur vie sur les pâtures et ne sont pas exploitées pour leur viande ni leur lait. Certaines sont des brebis dites « de réforme », plus suffisamment fertile et/ou productive en lait et initialement destinées à l’abattage.