Embarquer 100 kg de fournitures scolaires dans leur 205, à destination d’écoles des Balkans. C’est le pari un peu fou que se sont lancées deux amies bretonnes, exilées pour leurs études à Strasbourg. L’inséparable duo, formé en classe prépa, à Brest, est en fait un trio : Virginie, Nancéenne d’adoption, est aussi de l’aventure.
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19/05/2017
Plusieurs milliers de kilomètres séparent Nantes de Bucarest. L’un des chins pour s’y rendre passe par Strasbourg. Le parcours d’Europ’Raid 2017 n’y prévoit pas d’escale. C’est pourtant dans la capitale européenne que Myriam, Maëlis et Virginie, originaires de la pointe occidentale du continent, ont eu l’idée de participer à cette équipée vers l’est.
« Ce raid, on en a eu vent par un ami commun », expliquent Myriam et Maëlis, qui ont fait étape à Strasbourg pour leurs études. Réunies en classe prépa à Brest, les amies prennent une orientation différente − Faculté de sciences économiques pour Myriam, Ecole de management (EM)-Strasbourg pour Maëlis et école de commerce à Nancy pour Virginie −, mais un heureux hasard les rassemble tout de même dans l’Est de la France.
« Les mains dans le cambouis »
Au programme du prochain été du trio : 23 jours de voyage, 10 000 km à parcourir, 20 pays et 10 capitales à traverser. Départ prévu le 23 juillet.
Avant de s’aligner sur la ligne de départ au côté des 154 autres équipages, une première course a commencé pour les trois étudiantes de 22 ans. « Nous devons rassembler assez de sponsors pour financer carburant, frais d’inscription, supports de communication, assurance… 4 250 € au total. »
Leur voiture, une Peugeot 205 (dénominateur commun de tous les équipages du raid), elles l’ont déjà. C’est celle de Myriam, la mécano du groupe, à l’origine du défi. « Avec mon père, j’ai toujours aimé mettre les mains dans le cambouis. À Strasbourg, je me suis plutôt fait la main sur les vélos ! » Myriam compte bien faire de ses compétences techniques un atout lors de la compétition. D’ores et déjà, « mon expérience de création de start-up lors de ma précédente année de licence m’a beaucoup servi. À la fois pour monter notre dossier de partenariat et pour créer notre association, Sacré Numé’Raid ».
Engagement pour l’Europe
Côté communication, Maëlis et Virginie ont toutes les cartes en main grâce à leurs parcours en école de commerce. « On est très complémentaires, analyse Maëlis, que sa fonction de community manager au sein du bureau des arts (BDA) de l’EM a naturellement désignée pour prendre en main la partie numérique. « On a déjà une page web et un compte Facebook. On s’est déjà engagées à envoyer une carte postale à chaque 50e "like". On aimerait aussi poster régulièrement des vidéos lors du raid, façon carnet de voyage, et pourquoi pas créer un compte Snapchat », imagine celle que ses coéquipières surnomment « le troubadour de la bande ».
À Strasbourg, c’est surtout leurs talents culinaires qui ont été mis à contribution : une vente de caramel au beurre salé et crêpes sur le marché du boulevard de la Marne, ainsi qu’un brunch breton organisé à l’EM, leur ont mis le pied à l’étrier. « On compte beaucoup sur le concert qu’on organise en juin, à Rennes. » La Bretagne, où elles ont conservé leurs attaches, est le territoire sur lequel elles comptent le plus pour leur levée de fonds : « Notre réseau familial et amical y est plus développé qu’à Strasbourg, et comme on y rentre chaque vacances, on peut plus facilement y démarcher. » Sans compter qu’Europ’Raid, dont la 4e édition prend le départ de Nantes, est bien plus implanté dans l’Ouest, comme en atteste la carte de répartition des équipages. Côté partenaires des Sacrés Numé’Raid, la preuve est là aussi : un garage, un café, un vendeur de produits bretons, un opticien ou encore une entreprise du bâtiment, tous finistériens, ont pour le moment répondu à l’appel.
Au-delà du challenge de la levée de fonds et des compétences que l’aventure peut leur permettre d’affirmer, Myriam, Maëlis et Virginie y voient l’occasion de donner corps à leur attachement à l’Europe. « En ralliant la Roumanie, la Bulgarie et la Bosnie pour aider des écoles démunies, on s’engage à renforcer la confiance européenne, par le biais de la coopération. » Myriam et Maëlis en sont convaincues : « Le gain et la découverte que nous apporteront cette expérience sera mutuel, car nous aurons des échanges sur place avec la population. L’Europe est une mosaïque que nous souhaitons mieux connaître. » Myriam cite encore la phrase d’un entrepreneur, partenaire de Sacré Num’Raid, qui l’a marquée : « La 205 a sauvé Peugeot. Espérons que la jeunesse sauvera l’Europe ».
Elsa Collobert