Date de publication : 08/10/24
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Pierrick Poisbeau est le lauréat 2024 du Prix Unité Guerra-Paul-Beaudoin-Lambrecht-Maiano de l’Institut de France. Ce prix d’une valeur de 15 000 € récompense ses recherches récentes menées pour réduire, voire supprimer, l’empreinte délétère que laisse sur les nouveau-nés prématurés la prise en charge hospitalière en unité de soins intensifs.
Pierrick Poisbeau, lauréat 2024 du prix est professeur en neurosciences à l’Université de Strasbourg, membre sénior de l‘Institut universitaire de France et directeur d’une équipe de recherche au sein du Laboratoire de neurosciences cognitives et adaptatives – LNCA (CNRS, Unistra) et de l’École universitaire de recherche interdisciplinaire sur la douleur - EURIDOL graduate school of pain (Unistra, CNRS, Inserm).
Il étudie depuis plus de 25 ans les mécanismes physiopathologiques responsables de la douleur chronique afin d’identifier de nouvelles pistes thérapeutiques pour la soulager, qu’elles soient médicamenteuses ou non. Avec ses différents collaborateurs, il a ainsi décrit de nouveaux circuits nerveux qui bloquent la douleur utilisant des neuromédiateurs comme l’ocytocine (une neurohormone bien connue pour favoriser le bien-être) ou les neurostéroïdes (métabolites de stéroïdes sexuels ou du stress). Ces résultats récents, obtenus sur des modèles précliniques, l'ont amené à étendre son projet aux personnes vulnérables comme les nouveau-nés prématurés.
Le prix de l’Institut de France vient récompenser ces nouvelles recherches menées pour réduire, voire supprimer, l’empreinte délétère que laisse inévitablement sur les nouveau-nés prématurés la prise en charge hospitalière en unité de soins intensifs. Une recherche effectuée au sein du département de néonatologie de l’hôpital de Strasbourg-Hautepierre, dirigée par le Professeur Pierre Kuhn, également membre de la nouvelle équipe de recherche au CNRS appelée « adversité infantile et douleur chronique » au sein du LNCA. Un des objectifs de cette recherche est de réduire les procédures douloureuses dont on connait l’impact à long-terme sur la trajectoire de santé de ces enfants. Certaines douleurs, identifiées par l’équipe, sont d’ailleurs parfois issues de l’environnement lumineux, sonore ou olfactif (odeurs des produits de soin). Pour réduire les douleurs et améliorer le bien-être du nouveau-né, l’équipe clinique a mis en place ces dernières années des soins de développement centrés sur l’enfant et ses parents.
D’inspiration Suédoise, ces soins incluent au maximum les parents qui travaillent de concert avec les soignants. Ainsi, l’impact des procédures douloureuses incontournables est très largement réduit si elles sont réalisées en peau-à-peau ou lors de l’allaitement maternel, deux situations connues pour déclencher la libération d’ocytocine chez les enfants. Au-delà des recherches menées sur les pratiques de soin, les travaux en cours vont plus loin en analysant les propriétés de « gomme biologique » et de « neuroprotection » que semble avoir l’ocytocine sur le cerveau.
Les « cicatrices » épigénétiques laissées par la naissance prématurée, et sa prise en charge par les soins de développement, sont ainsi étudiées pour démontrer l’implication de l’ocytocine dans cette résilience vis-à-vis du traumatisme de la prématurité. Parmi les espoirs affichés, l’équipe de recherche espère identifier des gènes clés, dont l’expression pourrait servir à l’avenir de biomarqueurs épigénétiques pour une trajectoire de vie en bonne santé. Quoi qu’il en soit, cette recherche donnera des résultats précieux permettant de produire des recommandations professionnelles et de soutenir les actions visant à lutter contre la douleur des nouveau-nés dans ces fameux 1 000 premiers jours de vie si importants pour un futur en bonne santé.
« Je suis honoré par ce prix qui récompense les travaux menés par notre laboratoire pour évaluer, comprendre et lutter contre la douleur de l’enfant nouveau-né. Nos travaux, avec d’autres à travers le monde, ont contribué à montrer que cette douleur néonatale laisse une cicatrice épigénétique et fonctionnelle qui explique les risques de développer des neuropathologies à l’âge adulte. Les recherches fondamentales et cliniques que nous menons avec le professeur Pierre Kuhn (Département de Néonatologie, Hôpital de Hautepierre) ont également favorisé la promotion des soins de développement centrés sur l’enfant et ses parents. »
Pierrick Poisbeau, professeur en neurosciences à l’Université de Strasbourg
Créée en 2006, la Fondation Unité Guerra – Paul Beaudoin – Lambrecht-Maiano de l’Institut de France, a principalement pour objet de soutenir la lutte contre la douleur en aidant la recherche scientifique et médicale, en apportant son soutien à des équipes médicales cherchant à améliorer les soins aux malades et en développant la mise en place de soins palliatifs aux malades. Elle agit également en apportant des aides aux associations et fondations intervenant dans le domaine de l’assistance aux malades et aux personnes âgées les plus défavorisées. Chaque année, elle récompense les travaux d’un chercheur français ou étranger (travaillant dans un laboratoire de recherche français ou francophone) ayant acquis une notoriété internationale dans le domaine de la lutte contre la douleur (recherche fondamentale ou recherche clinique).
Le communiqué de presse de l’institut de France est disponible en téléchargement ci-dessous.
Contacts presse :
Université de Strasbourg : Alexandre Tatay | tatay@unistra.fr | 06 80 52 01 82
CNRS Alsace : Céline Delalex-Bindner | communication@alsace.cnrs.fr | 06 20 55 73 81
Document à télécharger
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