Date de publication : 02/12/24
Thèmes[Presse] Vie de l'université
Dans le cadre de l’Académie des écrivain.es sur les droits humains, portée par l’Université de Strasbourg et la Ville de Strasbourg qui s’est tenue du 21 au 30 novembre 2024, 9 écrivain·es se sont unis pour rappeler la puissance de résistance de la littérature contre les désordres du monde, mais aussi pour faire état des menaces qui pèsent sur le livre et sur les auteur.rices. Jean D’Amérique, Claude Ber, Roja Chamankar, Hawad, Alberto Manguel, Carole Mesrobian, Serge Pey, Pinar Selek et Luba Yakymtchouk, membres de l'Académie des écrivain.es, ont rédigé un appel qui figurera en ouverture d’un livre qui sera publié au mois d’avril à l’occasion des évènements de clôture de Capitale mondiale du livre Unesco 2024. Cet appel a pour titre « Exister, Écrire, Résister ». A l’occasion de leur dernière séance plénière les membres de l’académie ont convenu de se réunir tous les deux mois, de s’ouvrir à d’autres membres et de prolonger leurs travaux par des publications, en particulier des alertes sur des situations individuelles d’écrivain·es dans le monde entier.
« Je ne veux pas qu’on écrive des poèmes sur ma mort »
Il fait nuit sur le monde. Les guerres nous plongent dans la barbarie. Un conflit mondial est imminent. Face à l’impensable qui vient, nos consciences et nos cœurs se soulèvent. Nous, écrivaines et écrivains du monde entier, nous ne pouvons plus nous taire. L’humanité se perd. Nous sommes la littérature debout, nous sommes le livre, la parole en révolte, nous sommes en résistance pour la vie et la liberté. Nous sommes avec les voix écrasées, nous sommes avec les asphyxié·es, les emprisonné·es, les exilé·es. Nous sommes un cri.
Contre toutes les guerres dans le monde, nous exigeons la parole et la paix dans le respect des personnes.
Contre toute agression, nous rappelons que chaque être humain a le droit à se défendre.
Contre les crimes contre l’humanité, nous appelons à la justice.
Contre les essentialismes, les sectarismes et les nationalismes, nous proclamons l’universel des droits du vivant.
Contre les assignations identitaires, nous affirmons le primat des différences et des singularités.
Contre la tyrannie du même, nous chantons la beauté infinie de l’autre.
Contre les nettoyages ethniques, nous appelons au brassage des peuples et au Tout-Monde.
Contre les dictatures linguistiques, nous proclamons le droit de chaque personne et de chaque peuple à parler la langue de son choix.
Contre la réécriture des œuvres du passé, nous exigeons le respect de l’intégrité des textes littéraires.
Contre les frontières d’acier, nous lançons des cerfs-volants.
Contre les murs et les barbelés, nous proclamons la liberté de circuler.
Contre la destruction de la terre par l’exploitation des hommes, nous affirmons les droits de l’air, de l’eau et du sable.
Contre l’enfermement des corps et des esprits, nous faisons éclore les soleils de mille grenades entrouvertes.
Contre les dogmatismes, nous proclamons le droit au sensible et à l’imaginaire.
Contre toute censure, nous créons des ripostes et ouvrons des passages.
Contre les marchands de désespérance, nous lançons des salves d’avenir.
Contre l’obscurantisme, nous affirmons le pouvoir libérateur des littératures.
Contre la servitude volontaire et involontaire, nous brandissons la lumière du poème.
Contre un monde où il n’y aurait que des vainqueurs et des vaincus, des dominants et des dominés, et où l’idée même de droit n’aurait plus de sens, nous affirmons qu’écrire est un acte de résistance. Nous, écrivaines et écrivains du monde entier, proclamons que la littérature est un acte de vie qu’on insuffle au monde et que notre droit à dire le réel et à inventer tous les imaginaires possibles ne souffre aucune limite. Contre tous les assassins de l’humanité, nous appelons à la force d’écrire et d’agir.
Texte adopté à l’unanimité le 30 novembre 2024 par les membres de l’Académie : Jean D’Amérique, Claude Ber,
Roja Chamankar, Hawad, Alberto Manguel, Carole Mesrobian, Serge Pey, Pinar Selek et Luba Yakymtchouk
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L’Académie des écrivain.es sur les droits humains, portée par l’Université de Strasbourg et la Ville de Strasbourg, s’est tenue du 21 au 30 novembre 2024. Durant 9 jours, 9 écrivain·es se sont unis pour rappeler la puissance de résistance de la littérature contre les désordres du monde, mais aussi pour faire état des menaces qui pèsent sur le livre et sur les auteur.rices : Jean D’Amérique, Claude Ber, Roja Chamankar, Hawad, Alberto Manguel, Carole Mesrobian, Serge Pey, Pinar Selek et Luba Yakymtchouk. Originaires d’Haïti, d’Ukraine, d’Argentine, d’Afrique, de Turquie ou d’Iran, ils et elles ont œuvré à « Relier notre monde » au fil de 4 conférences, 5 lectures et performances et de 4 tables rondes.
Ces artistes engagé.es ont travaillé collectivement à la rédaction d’un appel qui figurera en ouverture d’un livre qui sera publié au mois d’avril à l’occasion des évènements de clôture de Capitale mondiale du livre Unesco 2024. Cet appel a pour titre « Exister, Écrire, Résister ». Il fait d’objet dès ce jour d’une diffusion nationale et internationale et sera traduit dans le plus grand nombre de langues possible. Une traduction anglaise figure ci-dessous dans le présent communiqué de presse. La reproduction de ce texte est autorisée à condition d’en respecter l’intégrité. A l’occasion de leur dernière séance plénière les membres de l’académie ont convenu de se réunir tous les deux mois, de s’ouvrir à d’autres membres et de prolonger leurs travaux par des publications, en particulier des alertes sur des situations individuelles d’écrivain·es dans le monde entier.
L’Académie des écrivain.es sur les droits humains est organisée par L’Université de Strasbourg, la Ville de Strasbourg et Capitale mondiale du livre UNESCO 2024. En collaboration avec le PEN Club France, les Bibliothèques Idéales, la BNU, la Maison de la Poésie de Strasbourg, la Librairie Kléber, la Librairie des Bateliers et la Librairie Chapitre 8.
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Be, write, resist
Appeal by the Academy of Writers for Human Rights
Strasbourg, 30th November 2024
‘I don't want anyone to write poems about my death’.
The night fell on the world. Wars are plunging us into barbarism. A global conflict is looming. Faced with this new level of unthinkable, our consciences and hearts are flaring up.We, writers from all over the world, can no longer remain silent.Humanity is becoming numb. We are literature going fierce, we are books and words in revolt, we are the resistance for life and freedom.We are together with the crushed voices, with those who were suffocated, incarcerated, exiled. We are a cry.
Against all the wars in the world, we demand peace and freedom of speech with respect for people.
Against all aggression, we call to mind that every human being has the right to defend themselves.
Against crimes against humanity, we call for justice.
Against sectarianism, nationalism and all essentialisms, we proclaim the universal rights of living beings.
Against the summons of identity, we affirm the primacy of differences and individualities.
Against the tyranny of uniformity, we sing the infinite beauty of diversity.
Against ethnic cleansing, we call for the mixing of people and an all-encompassing world.
Against linguistic dictatorships, we proclaim the right for everybody to speak the language they choose.
Against the rewriting of works from the past, we demand respect for the integrity of literary texts.
Against steel borders, we launch kites.
Against barbed walls, we proclaim freedom of movement.
Against the destruction of Earth by human plunder, we support the power of air, water and sand.
Against the limitation of both bodies and minds, we make the cores of thousands of half-open grenades bloom.
Against dogmatism, we assert the right to feelings and imagination.
Against all censorship, we create retorts and open paths.
Against the merchants of despair, we launch salvoes of future and hope.
Against obscurantism, we uphold the liberating power of literature.
Against servitude, whether voluntary or not, we wave the light emitted by poems.
Against a binary world made of only winners and losers, of dominant/dominated relationships, and where the very idea of rights no longer has any meaning, we affirm that writing is an act of resistance. We, writers from all over the world, declare that literature is an act of life that we breathe into the world and that our right to tell reality and invent endless imaginary worlds knows no bounds. Against all slayers of humanity, we call for the strength to act and write.
Traduction de Cécile Fruteau
Institut Européen des Métiers de la Traduction
Contact presse :
Université de Strasbourg : Alexandre Tatay - Attaché de presse : +33.6 80 52 01 82 / tatay@unistra.fr
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