Des tortues contre vents et marées

Date de publication : 01/04/16

ThèmesRecherche Étudiant / chercheur étrangers 

Lauréate 2016 du concours régional Ma thèse en 180s, Philippine Chambault est doctorante à l’Institut pluridisciplinaire Hubert Curien. Elle étudie les migrations des tortues marines dans l’Atlantique équatorial et plus particulièrement leurs habitudes de voyages entre leurs sites de ponte et leurs aires d’alimentation.


Si à la lecture de son titre de thèse, le sujet de recherche de Philippine semble évident (1), le profane butera peut-être sur le terme des processus méso-échelle. « Il s’agit des mouvements océaniques, comme les courants ou tourbillons marins, qui apparaissent périodiquement et s’étendent sur plusieurs centaines de kilomètres», précise la jeune chercheuse qui étudie les stratégies migratoires des tortues luths, vertes et olivâtres. Si ces trois espèces partagent le même site de ponte, sur les côtes de Guyane française, leurs zones d’alimentations respectives sont en effet brassées et réparties au gré des courants dans l’Atlantique. « Identifier les régions où ces animaux ont l’habitude de se réapprovisionner après leurs nidifications est indispensable à leur protection », confirme Philippine. Depuis le début de sa thèse en 2014, la doctorante a participé à plusieurs campagnes de terrain pour le marquage et la pose de balises. Elle suit désormais les trajectoires d’une soixantaine d’individus (positions Argos et GPS).

Des tortues aux ressources multiples

La tortue olivâtre, à tendance carnivore, va ainsi suivre le courant Nord Brésil qui, en charriant les sédiments et nutriments déversés par le fleuve Amazone situé plus au sud, favorise la biodiversité et donc une chaine alimentaire plus riche au nord. La tortue verte qui préfère les herbiers des eaux plus claires va quant à elle braver ce courant pour rejoindre systématiquement les mêmes prairies marines au large du Brésil. La palme de l’endurance revient à la tortue luth, capable de parcourir plusieurs milliers de kilomètres vers les hautes latitudes pour se nourrir de méduses. Des observations auxquelles s’ajoute toute une série de données. « Grâce aux dernières balises déployées, je récolte des informations sur la profondeur, la durée et la fréquence des plongées, mais aussi sur l’environnement immédiat comme la température de l’eau ou sa salinité ». Les tortues suivies offrent ainsi un double avantage: contribuer à l’étude de leurs comportements et récolter des données précises sur les régions qu’elles traversent, pour la plupart encore inexplorées. Et la chercheuse d’ajouter : « C’est un champ d’investigation tout à fait nouveau qui permet de compléter et croiser l’aspect écologique et biologique de mes recherches par des données océanographiques. »   (1) Influence des processus méso-échelle sur la distribution et le comportement de plongée des tortues marines de Guyane française. (image bandeau:©CNRS/Damien Chevallier) Guillaume Thépot

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