Historien et grand résistant français, fusillé en 1944 par la Gestapo, Marc Bloch a marqué son époque par son courage et son engagement dans la résistance. Comme historien, il a contribué au renouvellement de sa propre discipline en créant, avec son collègue et ami Lucien Febvre, les annales d'histoire économiques et sociales. Cette nouvelle école de pensée a placé au cœur de la recherche l'anthropologie, l'étude des mentalités, l'économie et la société. En 1919, il est nommé chargé de cours d'histoire du Moyen-âge à la Faculté de lettres de Strasbourg, puis obtient la chaire d'histoire du Moyen-âge en 1927. Il y restera jusqu'en 1936.
Bon à savoir
Samedi 23 novembre 2024, à l'occasion de la célébration des 80 ans de la Libération de Strasbourg, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé que Marc Bloch ferait son entrée prochaine au Panthéon.
Sommaire
Ses débuts
Marc Bloch est né le 6 juillet 1886 à Lyon. Il est le fils de Gustave Bloch, professeur d'histoire et d'antiquités gréco-romaines à la faculté des Lettres de Lyon, et de Sara Ebstein.
Il fait ses études secondaires au lycée Louis-le-Grand de Paris, puis il entre à l'École Normale Supérieure en 1904. En 1908, il est reçu à l'agrégation d'histoire.
De 1912 à 1914, il enseigne l'histoire et la géographie successivement aux lycées de Montpellier et d'Amiens.
Mobilisé le 2 août 1914 comme sergent d'infanterie, il termine la guerre comme capitaine, décoré de la Croix de Guerre (4 citations) et de la Légion d'honneur.
Création des annales d'histoire économique et sociale
En 1919, Marc Bloch épouse Simone Vidal et, la même année, il est nommé chargé de cours d'histoire du Moyen-âge à la Faculté des Lettres de l'université de Strasbourg, puis obtient la chaire d'histoire du Moyen-âge en 1927.
C'est à Strasbourg qu'il rencontre Lucien Febvre avec lequel il fonde en 1929 les "Annales d'histoire économique et sociale". Dès lors, cette "Ecole des Annales" contribue profondément au renouvellement de la discipline historique, par la mise en évidence de nouvelle problématiques : l'étude des mentalités, l'anthropologie, l'économie et la société se trouvent désormais au cœur de la recherche scientifique.
Ses années à Strasbourg voient également naître la majeure partie de son œuvre universitaire : il publie en 1920 sa thèse de doctorat d'État, Rois et Serfs : un chapitre d'histoire capétienne, qu'il a soutenue en Sorbonne. En 1924 paraît son ouvrage Les Rois thaumaturges et en 1927, Les Caractères originaux de l'histoire rurale française.
En 1936, il est nommé maître de conférence d'histoire économique à la Sorbonne, puis titulaire de la chaire en 1938.
L'engagement dans la résistance
Mobilisé le 23 août 1939 en Alsace, Marc Bloch est muté dans le Nord, alors que paraît le premier tome de La société féodale. En mai-juin 1940, il prend part à la campagne du Nord, puis rejoint sa famille dans la Creuse après l'Armistice du 2 juillet. C'est à cette époque qu'il publie le second tome de La société féodale et qu'il écrit L'étrange défaite (publié en 1946).
Exclu de la fonction publique conformément aux décrets de 1940 sur le statut des juifs, il est "relevé de déchéance" pour "services scientifiques exceptionnels rendus à l'Etat français" et reprend son enseignement en janvier 1941, à la faculté des lettres de l'Université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand.
Mais il est vite muté à la faculté des lettres de Montpellier (1941-1942), où il participe à la mise en place du mouvement de résistance "Combat" et collabore au "Cercle de Montpellier", l'une des préfigurations du "Comité général d'études" (CGE). Il y rédige en outre un nouvel ouvrage : Apologie pour l'histoire ou le métier d'historien (publié en 1949).
De 1943 à 1944, Marc Bloch est à Lyon. Il entre dans la vie clandestine et adhère au mouvement "Franc-Tireur", dont il devient membre du directoire national. Il met en place les Comités de Libération de la région et prépare le "plan d'insurrection de la région de Lyon". Enfin, il collabore activement à la revue Les Cahiers Politiques, organe du CGE à Paris.
Arrêté par la Gestapo le 8 mars 1944, il est torturé et emprisonné à la prison de Montluc. Le 16 juin, avec 28 autres prisonniers, il est conduit à Saint-Didier-de-Formans, près de Lyon, et fusillé.