Tina Jühling a fait très tôt le choix d'une carrière franco-allemande en participant à différents échanges et en effectuant une année au-pair en Suisse francophone. S'inscrire dans le parcours franco-allemand de la licence sciences de la vie à Sarrebruck et Strasbourg lui permet de combiner ses deux points forts: le français et la biologie. Elle effectue son stage de fin de licence à Strasbourg dans le groupe de travail de Catherine Florentz, où elle rencontre son mari, doctorant à l’époque. Elle reste fidèle à la ligne franco-allemande et à l’Unistra en effectuant, après son master à Marburg, sa thèse en cotutelle entre Strasbourg et Leipzig.
Le thème de recherche de Tina Jühling consiste à caractériser deux protéines qui interagissent avec la même molécule mitochondriale. Son groupe de travail à Leipzig est spécialisé dans une protéine, celui de Strasbourg dans l’autre. D’où la logique de ses séjours de recherche : la doctorante et ses directeurs de thèse, Mario Mörl et Catherine Florentz, ont prévu dans le contrat binational de thèse qu’elle effectue ses travaux de recherche d’octobre 2013 à mai 2015 à Leipzig puis à Strasbourg pendant un an et demi . Inscrite aux deux universités, elle est doctorante des deux établissements. « Quand j’ai commencé ici il y a un an, j’ai mis du temps à m'adapter », raconte Tina Jühling, qui profite d’un soutien financier à la mobilité de la part de l’Université franco-allemande (UFA). En arrivant dans son nouveau laboratoire à Strasbourg, elle a dû se familiariser avec la littérature scientifique et les nouvelles méthodes de travail.
Deux instituts dans deux pays, c’est deux fois plus enrichissant
Malgré la perte de temps et le travail supplémentaire liés à la mobilité entre les deux lieux de recherche, aux deux groupes de travail et aux deux langues, les avantages prennent le dessus. « J’ai l’impression de travailler dans un champ scientifique plus vaste : j'échange avec beaucoup plus de chercheurs », se réjouit la doctorante. « Les gens qu’on rencontre et les expériences qu’on fait dans les deux pays sont enrichissants. On s’adapte plus facilement aux différences de mentalité et aux diverses méthodes et structures. »
Sur le plan linguistique, Tina Jühling rencontre rarement des difficultés. Même si parfois les mots lui manquent quand elle répond spontanément à des questions lors de présentations. Elle rédige sa thèse en anglais, langue dans laquelle elle la soutiendra. Elle n’a pas encore de projet concret pour l'avenir. Pour le moment, elle se voit bien poursuivre comme chercheuse. Avec son mari, qui travaille actuellement à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), ils sont géographiquement ouverts à toute l’Europe.
Indépendamment du sujet, qui doit de toute façon passionner le jeune chercheur, Tina Jühling conseille aux futurs doctorants qui pensent à rédiger une thèse en cotutelle de rencontrer les deux groupes de travail et de faire confiance à leur intuition. « Très souvent, les expériences scientifiques ne marchent pas. Il est donc d’autant plus important de travailler dans une ambiance agréable avec des collègues sympathiques qui puissent vous remonter le moral. »
Miriam Hagmann-Schlatterbeck