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Date de publication : 25/11/15
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Quelles sont les caractéristiques représentatives des jeunes en politique ? Existe-t-il une désaffection des jeunes pour la politique ? Comment les jeunes prennent-ils part au débat politique ?
Autant de questions qui se posent à quelques semaines des élections régionales (6 et 13 décembre 2015), auxquelles Richard Kleinschmager, géographe et politologue, professeur émérite à l'université, apporte des éléments de réponse.
Chaque scrutin est riche d'enseignements sur la vie politique française et les pratiques des différentes générations. En regardant en arrière et en analysant les résultats des nombreux sondages publiés à chaque échéance démocratique, Richard Kleinschmager dresse le portrait des 18 - 30 ans en politique.
L'événement marquant pour les jeunes est leur entrée dans la vie politique par le biais d'un geste à la portée symbolique : leur premier vote. « On constate que dès que les jeunes accèdent au droit de vote, ils en font immédiatement usage. Ceci constitue un marqueur de leur évolution personnelle » selon Richard Kleinschmager. Si un jeune s'abstient de voter lorsqu'il accède à la possibilité de mettre un bulletin dans l'urne, il a toutes les chances de continuer à s'abstenir, ce qui démontre bien l'importance de ce moment.
Après cette première échéance électorale, le vote des jeunes a tendance a connaître un fléchissement. Il remonte lorsque l'installation dans une vie professionnelle et familiale devient une réalité.
De l'influence de la famille sur la famille … politique
La famille politique à laquelle adhèrent les jeunes est très fortement influencée par leur milieu familial et leur environnement proche. Cet élément est particulièrement marqué pour leur premier vote et dure dans le temps. « Même si en vieillissant il s'opère une évolution dans les choix politiques des personnes, le 1er vote reste un marquage socio-psychologique fort auquel il est souvent fait référence » explique Richard Kleinschmager. Le premier vote est un repère pour attester de son parcours politique que ce soit en terme de confirmation (constance du vote pour un parti) ou d'infirmation (changement de parti politique).
L'influence du milieu familial sur le vote des jeunes peut cependant être perturbé lors d'événements historiques majeurs. Ce fut le cas notamment en France lors des événements de mai 1968 qui ont poussé de nombreux jeunes à voter à gauche alors que leur milieu socio-économique d'origine les aurait logiquement conduit à voter pour des partis à droite de l'échiquier politique. Aux Etats-Unis le même phénomène est apparu avec la guerre du Vietnam. La question peut se poser de savoir si les événements de janvier et novembre 2015 auront valeur de marqueur.
Pas de désaffection manifeste pour la politique
Contrairement aux idées reçues, il n'existe pas véritablement de désaffection des jeunes pour la chose politique. S'il est vrai que les jeunes n'ont pas un engagement très fort dans les partis politiques « traditionnels », dans lesquels ils ont du mal à se reconnaître, ils s'impliquent davantage dans les milieux associatifs qui peuvent porter une action à dimension politique (association de défense des droits de l'homme, association d'aide aux réfugiés, etc.).
L'abstention des jeunes, quant à elle, connaît de fortes variations en fonction du type de scrutin : lorsque l'échéance électorale suscite leur intérêt et paraît les concerner, les jeunes votent en nombre, parfois même plus que les représentants des autres tranches d'âge. À l'inverse, lorsque les élections n'attirent pas leur attention, ils peuvent s'en détourner plus fortement que la moyenne.
L'autre observation que l'on peut faire concerne le changement de répartition des votes des jeunes. Si historiquement l’extrême gauche attirait davantage les jeunes, ce n'est plus le cas désormais. Au contraire, on observe un basculement de l'électorat jeune vers l'extrême droite. « Ce phénomène a débuté à la fin des années 1990 pour s’accélérer à partir de 2007. Lors des derniers scrutins, le premier parti politique pour lequel les jeunes ont voté était un parti d'extrême droite. Cependant cet électorat est très stratifié socialement : ce sont principalement au sein des milieux les plus modestes et les moins diplômés que le vote des jeunes pour l'extrême droite est le plus marqué » analyse Richard Kleinschmager.
Les élections régionales à venir seront l'occasion de vérifier si toutes ces tendances s'installent dans la durée et si les différentes tentatives d'inciter les jeunes à se rendre aux urnes portent leurs fruits. Réponse au soir du 13 décembre.
Edern Appéré