Le caractère exceptionnel de la participation du Dalaï Lama à une journée de conversations scientifiques sur la méditation n’a pas échappé à la communauté universitaire. A la faculté de médecine, étudiants comme personnels de l’Unistra ont fait le déplacement pour ne pas rater cet événement unique. Retour sur leurs impressions.
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23/09/2016
« Mieux vivre le contact avec les malades »
Sur le parvis de la faculté de médecine, des petits groupes s’attardent pour évoquer, tour à tour, leur ressenti après cette journée d’échanges avec le Dalaï Lama. Maxime et Estelle sont venus en curieux pour s’informer sur les effets bénéfiques de la méditation. Tous deux poursuivent des études en neurosciences. « On travaille dans un laboratoire qui mène des recherches sur la schizophrénie. On est venu pour mieux comprendre comment les pratiques méditatives peuvent améliorer le bien-être des malades. » Présents dans le cadre de recherches personnelles, Maxime et Estelle reconnaissent n’avoir jamais été sensibilisés à la méditation au cours de leurs études. « C’est un sujet qui n’est pas encore très démocratisé dans les laboratoires de neurosciences, révèle Estelle. D’ailleurs, c’est le genre de sujet très intéressant qu’il vaut mieux éviter d’étudier avant le concours de thèse. Ce n’est pas forcément bien vu. Tout le monde n’est pas convaincu par la méditation. » Et eux, qu’en pensent-ils ? Une de leurs camarades, qui s’est jointe à la conversation, saute sur l’occasion pour répondre. « Moi, elle me paraît utile pour les malades mais aussi pour les soignants. Beaucoup font des burnouts et certains sont dans une attitude de "sachant" face aux patients. Je pense que la méditation pourrait les aider à mieux vivre le contact avec les malades et à garder une dimension humaine dans les échanges. »
« Pas assez de débat »
Valérie, Anna et Céline, étudiantes en 6e année de médecine, ont également assisté à cette journée de dialogues par curiosité personnelle. Toutefois, elles ont du mal à cacher une certaine déception. « Les thèmes abordés étaient intéressants mais on aurait aimé que l’aspect clinique soit plus développé », estime Valérie. Pour sa part, Anna regrette que les interventions du Dalaï Lama aient été un peu trop éloignées des études scientifiques à son goût. « On aurait souhaité plus de débats », juge ainsi l’étudiante de 25 ans. Toutes les trois restent d’autant plus sur leur faim qu’elles n’ont encore jamais eu l’occasion de voir la méditation mise en pratique dans un contexte hospitalier. « C’est plutôt les pratiques d’hypnose qui sont répandues. » Qu’à cela ne tienne pourquoi ne pas s’initier, alors ? « A titre personnel, la méditation ne nous tente pas spécialement », avoue Céline.
« Se relier à soi-même »
Si toutes les trois ne semblent pas prêtes à s’astreindre à une pratique régulière, c’est peut-être parce qu’elles n’ont pas rencontré Marie-Louise, agent de bibliothèque au pôle API. « La méditation, ça fait 20 ans que j’en fait ! Je trouve formidable que la science découvre enfin son utilité pour la santé. » Marie-Louise ne peut néanmoins s’empêcher de tempérer son enthousiasme par une mise en garde. « Pour comprendre la méditation, il ne faut pas la réduire à un simple exercice mental. » Pour elle, cette pratique se vit, se ressent et n’est rien de moins qu’une forme de spiritualité. « Méditer, c’est être du côté positif de la vie, c’est croire que rien n’est incurable. » La pratiquante de 55 ans, qui assure n’être jamais malade, livre quelques conseils à ceux qui voudraient commencer. « L’objectif est simplement d’apprendre à se relier à soi-même. Au début, il faut se réserver une heure fixe pour soi et s’y tenir, conseille Marie-Louise. Ainsi, vous allez créer petit à petit le besoin de vous retrouver seul avec vous-même. »
« Apprendre aux enfants à se concentrer »
Gestionnaire administrative et financière au LIVE, Estelle, 48 ans, est passionnée par toutes les techniques de bien-être. Elle aussi s’est déplacée avec des collègues pour en apprendre plus sur la méditation. A l’issue de cette journée, elle sort convaincue de ses bénéfices pour la santé. « Elle apporte un confort physique et mental. On vit mieux. » Estelle parle d’expérience. Elle pratique le yoga et la méditation depuis près de 10 ans. Face à tant de bienfaits, elle s’interroge : « Pourquoi ne pas l’enseigner dans les petites classes pour apprendre aux enfants à se concentrer ? » Dans nos sociétés hyperconnectées où nos esprits sont sans cesse distraits, l’idée n’est peut-être pas mauvaise. A méditer.
Ronan Rousseau