C’est avec ces mots que le président Beretz a accueilli Martin Karplus à l’Institut de sciences et d’ingénierie supramoléculaires (Isis) le mercredi 13 novembre. La communauté universitaire a rendu un hommage ému au grand scientifique, qui a reçu le prix Nobel de chimie 2013. Martin Karplus est professeur conventionné avec l’Université de Strasbourg depuis 1995. Il dirige un laboratoire d’Isis tout en poursuivant son travail d’enseignant-chercheur à Harvard (Boston).
Recevoir les journalistes, donner des interviews, faire des discours, raconter sa vie, répondre à de multiples sollicitations… Une vie de prix Nobel qui n’a pas l’air d’enthousiasmer Martin Karplus. Il commente, avec humour : « Heureusement que je ne l’ai eu qu’à 83 ans, comme me l’a fait remarquer un de mes collègues d’Harvard, cela m’a laissé plus de temps pour me consacrer à mes recherches… »
1200 messages
Bon, il finira quand-même par reconnaître une forme de fierté, même s’il se dit davantage touché par les 1200 témoignages de sympathie qu’il a reçus à cette occasion que par l’obtention du prix lui-même. « Je suis vraiment heureux quand un de mes anciens étudiants m’écrit pour me dire : quand je suis confronté à un problème, je me demande ce que Martin aurait fait pour le résoudre », précise-t-il.
Honoré par la prestigieuse académie des Nobel pour avoir mis au point une méthode de modélisation informatique en chimie à la fin des années 70, Martin Karplus est venu travailler à Strasbourg à la suite d’une série de hasards de vie et de rencontres avec plusieurs chercheurs strasbourgeois, et notamment Jean-Marie Lehn, prix Nobel de chimie en 1987. Il partage depuis 1995 sa fabuleuse capacité de travail, son énergie et ses nombreux talents (y compris photographiques et culinaires) entre Strasbourg et Boston.
Il y a une vie après le Nobel
Mercredi 13 novembre, il ne manquait personne à l’appel pour lui rendre hommage au cours d’une cérémonie officielle à l'Isis : gouvernance universitaire, représentants du CNRS, personnalités alsaciennes, et une grande partie des membres de l’Isis.
Marco Cecchini, qui a fait son post-doc dans le laboratoire de Martin Karplus à Strasbourg et poursuit d’une certaine manière aujourd’hui les recherches de celui qu’il considère comme son « maître », a dessiné un portrait affectueux du grand scientifique, perfectionniste à l’extrême (« il est capable de nous faire retravailler une cinquantaine de fois un texte préparé pour une publication scientifique »), créatif, passionné, mais aussi profondément gentil, attentif aux autres, simple et modeste. Martin Karplus a d'ailleurs d'ores et déjà annoncé qu'il souhaitait utiliser son prix Nobel pour une juste cause.
« La science c’est d’abord la simplicité. Et ne t’inquiète pas, il y a une vie après le Nobel » a conclut Jean-Marie Lehn, qui ne manque pas de pratique en la matière. Quant au président Beretz, il a cité Martin Karplus : « Ce prix Nobel n’est ni de Harvard ni de Strasbourg, c’est un Nobel du monde ». Une expression qui va plutôt bien à ce globe-trotter de Martin Karplus qui a beaucoup déménagé dans sa vie, puisqu’il s’était donné la règle de changer d’université tous les 5 ans pour se confronter à de nouvelles idées...
Caroline Laplane et Frédéric Zinck