Le professeur Jacques Dubochet, né le 8 juin 1942 à Aigle dans le canton de Vaud, est un biophysicien et universitaire suisse. Professeur honoraire à l'Université de Lausanne, il a reçu le prix Nobel de chimie en 2017, pour ses travaux sur la cryo-microscopie électronique.
Physicien formé à l’École polytechnique de Lausanne, il s’est rapidement tourné vers des sujets biologiques et a utilisé la microscopie électronique pour étudier l’organisation des molécules biologiques et en particulier de l’ADN, support de l’information génétique.
Au cours de sa thèse effectuée dans le laboratoire d’Edouard Kellenberger, Jacques Dubochet a développé une méthode originale d’étalement de l’ADN pour faciliter la visualisation des acides nucléiques en microscopie électronique. L’Université de Strasbourg, et en particulier le Laboratoire de génétique moléculaire des eucaryotes, ont bénéficié de cette technologie innovante.
À partir de 1978, c’est au Laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL) que le professeur Jacques Dubochet a pu réaliser son œuvre majeure : le développement de la cryo-microscopie électronique. La microscopie électronique qui a permis de « voir » l’ADN, les virus et l’ultrastructure cellulaire, ne permet pas de conserver l’eau indispensable à l’organisation du vivant depuis les cellules jusqu’aux molécules. La limitation principale de la microscopie électronique n’est pas la résolution de l’instrument mais son incapacité de préserver la structure de l’échantillon. La cryo microscopie électronique préserve par le froid l’hydratation de l’échantillon dans le vide du microscope. Appliquée aux assemblages moléculaires, la cryo-microscopie électronique de particules uniques (single particle cryo EM) a connu un succès planétaire et a contribué à révolutionner la biologie structurale. Elle valut au professeur Jacques Dubochet d’être récompensé par le prix Nobel de chimie en 2017 avec Joachim Frank et Richard Henderson.
Il a entretenu des relations scientifiques étroites avec l’Université de Strasbourg et notamment le Laboratoire de génétique moléculaire des eucaryotes et l’Institut de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC). Ces interactions ont débuté à l’issue de sa thèse dans le laboratoire d’E. Kellenberger à Bâle, puis se sont poursuivies et intensifiées lors de la constitution de son équipe à l’EMBL de Heidelberg. Elles se sont focalisées sur l’étude de la structure de l’ADN et de l’organisation de la chromatine, ainsi que sur l’amélioration de la microscopie électronique pour l’inspection de l’organisation du vivant. La reconnaissance actuelle du site strasbourgeois comme un centre national de cryo-microscopie électronique doit beaucoup aux interactions et aux enseignements du professeur Jacques Dubochet.
Il a également été un précurseur du développement durable, du scientifique éclairé qui devient un citoyen responsable, d’un enseignement critique et respectueux d’un environnement fragile. Jacques Dubochet a œuvré à cette dimension citoyenne toute sa vie et a investi une part considérable de son énergie au service des plus pauvres en Inde et à la protection de l’environnement en Suisse. En ce sens, il partage les valeurs humanistes portées par l’Université de Strasbourg.