28 Avril 2022
« La puissance d'un seul, dès qu'il prend ce titre de maître, est dure et révoltante » Etienne de la Boétie, Le discours de la servitude volontaire
Le mouvement de Gezi de juin 2013 était une réaction multiforme face à un régime qui devenait pas à pas autoritaire, répondant à la volonté d’un seul. Gezi a été un point d’agrégation de millions de Turcs qui ont résisté pendant des semaines à la violence policière physique et à la violence politique et verbale symbolique.
Aujourd’hui, des intellectuel-le-s et universitaires de Turquie viennent d’être condamné-e-s à des peines lourdes pour avoir simplement participé à ce mouvement populaire. Osman Kavala, mécène bien connu des milieux académiques a été condamné à la perpétuité incompressible et ce, en dépit des arrêts de la CEDH. Malgré des arrêts d’acquittement antérieurs, Mücella Yapıcı, (architecte), Çiğdem Mater (cinéaste) , Hakan Altınay (universitaire), Mine Özerden (cinéaste), Can Atalay (avocat), Tayfun Kahraman (urbaniste et universitaire), Yiğit Ali Ekmekçi (universitaire) ont été condamné-e-s à 18 ans de prison ferme lors d’un semblant de procès de fond en comble politique, par un tribunal recroquevillé dans sa servitude volontaire.
L’Université de Strasbourg, fidèle au principe des libertés académiques et aux valeurs démocratiques, dénonce cette condamnation dont l’unique objectif est l’instauration d’un empire de la peur où les universitaires et intellectuel-le-s n’oseront plus à exprimer leurs opinions et leur opposition à la négation des valeurs partagées par tous les démocrates.